ARTSHARE

Feb 9, 2018

Printemps, Eté, Automne, Hiver : les quatre saisons de la vie


La vie n’est pas qu’un long cortège de jours qui se suivent et se ressemblent. La vie est vivante et ondule au rythme de saisons bien caractéristiques.
L’espèce humaine, une infime partie de l’univers, ne peut qu’obéir aux grandes lois de l’univers et la vie de chacun d’entre nous est structurée comme ces quatre périodes de l’année que sont le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.
A supposer que nous vivions quatre-vingts ans en moyenne, disons pour simplifier que chaque saison dure vingt ans et que les saisons de la vie sont : printemps (0 à 20 ans), été (21 à 40 ans), automne (41 à 60 ans) et hiver (61 à 80 ans). Admettons.

Le printemps de la vie

C’est une saison que tout être vivant attend avec impatience. Surtout dans les régions froides, les animaux vont pouvoir manger, ceux qui hibernent vont sortir de leur long sommeil et ceux qui ont migré vont revenir ; la flore guette les premiers rayons de soleil pour verdir, boutonner et fleurir.
Et en guise de célébration, les mâles vont jouer des cornes et des griffes pour s’accaparer les faveurs des femelles, histoire de perpétuer l’espèce.
La nature revient à la vie, éclatante.

Chez nous, humains, le bébé accueille le printemps de la vie avec un cri et des larmes (sait-il d’avance que la vie serait peines et souffrances ?).
Il arrive au monde telle une feuille blanche, innocent, inconscient et passe son temps à manger, dormir et mouiller ses couches. Puis il apprend à se déplacer à quatre pattes, à se lever, à marcher, à parler, tout est à prendre et tout est à apprendre. Les yeux grands ouverts, il découvre la vie. Tout est nouveau et un rien l’émerveille.
La vie est simple et légère ; pas un nuage en tête, pas une ride au front. C’est l’âge tendre, l’âge vert, l’âge bonbon, la période la plus insouciante de la vie.

A sa naissance, un faon doit pouvoir se lever et courir avec la troupe mais le monde des humains est beaucoup plus complexe et nous devons passer un quart de notre vie à apprendre avant de d’y entrer de plain-pied. Le parcours passe par la maternelle, l’école primaire, l’enseignement secondaire et éventuellement l’enseignement supérieur, mais l’école de la vie est et reste incontournable tout au long de notre existence.
Saison « préparatoire », le printemps est essentiel et qui d’autre que les parents portent cette responsabilité ? La vocation de l’école est d’instruire et celle des parents est d’éduquer, ce que certains parents semblent parfois oublier.

Puis l’enfant entre dans l’adolescence. C’est l’âge ingrat, l’âge « bête », une transition difficile où l’on n’est plus un enfant mais pas encore un adulte, psychologiquement et physiologiquement. Pour s’en sortir, l’adolescent a besoin de s’opposer aux adultes (les parents en premier) et à toute forme d’autorité et de s’en dissocier tout en les copiant (laisser pousser la moustache, fumer,…).

Le printemps passe vite, peut-être parce que les jeunes ont trop hâte d’en sortir.

L’été de la vie

L’adolescent est devenu une jeune personne. Il (Elle) est devenu(e) adulte et entre dans la période la plus active de la vie, la plus passionnante aussi, avec un seul but : réussir.
L’adulte entre dans la vie active, commence à travailler et, plein d’énergie et d’enthousiasme, se met en devoir de grimper les échelons, surtout sur l’échelle des salaires. L’argent sera l’unité de mesure du succès de chacun et les signes extérieurs de richesse seront là pour montrer à tout le monde que « j’ai réussi ».
Je m’voyais déjà en haut de l’affiche… (Charles Aznavour).
L’argent appelle l’argent puis la gloire et aussi le pouvoir, quel qu’en soit le niveau. Ainsi va la vie.

Maintenant que l’adulte ne dépend plus de ses parents, il va goûter à la liberté, enfin, presque. Car droits vont de pair avec devoirs et le prix de la liberté est la responsabilité : par rapport à la loi et les règles sociales, par rapport à ceux dont nous avons la charge (enfants, collaborateurs,…), par rapport à soi-même.
Une de nos missions sur terre étant de perpétuer l’espèce, chacun aura à se marier, avoir des enfants, bâtir une famille. Et cela ne rime pas toujours avec faire carrière et nous n’arrêtons pas de faire des choix dans la vie.
Certains vont éviter de se marier, d’avoir des enfants ou refuser des postes mieux payés pour ne pas avoir à en assumer les responsabilités. Et on appelle « syndrome de Peter Pan » le cas des personnes qui refusent d’être adultes.
Etre (adulte) ou ne pas être, telle est la question.

L’automne de la vie

L’adulte arrive doucement à mi-parcours de vie. Qu’il ait réussi ou pas, pauvre ou riche, heureux ou malheureux, sa situation est à peu près dessinée. C’est l’âge mûr.
Mais des fois, en plein dans son élan, il est soudain assailli de doutes. « Qui suis-je ? », « Où vais-je ? », « Quel est le sens de ma vie ? », « Ai-je fait les meilleurs choix pour moi ? », « Est-ce si important, l’argent, pour que je sacrifie ma vie et ma famille ? »… toutes ces questions surgissent de nulle part et le hantent. C’et la crise de la quarantaine et les symptômes apparaissent avec les premiers signes de la vieillesse ou lors d’événements familiaux (décès dans la famille, enfants quittant le toit familial) ou professionnels (perte d’emploi). 
En cette période, l’adulte n’est pas encore vieux mais plus tout à fait jeune, ce que nous rapprocher de l'âge ingrat. (Notons également que cette crise n’arrive qu’à une minorité de personnes, contrairement à l’âge ingrat.)
Et la vie continue, jour après jour.

L’hiver de la vie

C’est la saison que toute espèce vivante semble redouter le plus. Le ciel est gris et l’espace est blanc de neige, il fait froid, les arbres ont perdu feuilles et fleurs, les animaux peinent à trouver de la nourriture et les hommes s’organisent pour passer l’hiver. 

Cette période de la vie est appelée « troisième âge ». (Le sens commun semble diviser la vie humaine en trois parties : la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse).
L’âge de la retraite semble reculer de plus en plus mais nous entrons ici dans l’âge de la retraite, par opposition à la vie active. Le terme « retraite 
» semble suggérer une vie plus en retrait mais de plus en plus, les retraités (dont je suis) s’organisent pour profiter de ces « vacances permanentes » : cours de danse, gym, lecture, écriture, voyage, … et des formations se montent pour nous préparer à la retraite tout comme fleurissent des « clubs du troisième âge » où les membres se réunissent pour des loisirs en commun. N’empêche, la vie tourne quand même plus au ralenti, parole de retraité.

Avec le départ des enfants, les parents, après avoir longtemps été père et mère, redeviennent mari et femme et peuvent enfin s’occuper d’eux-mêmes. Aujourd’hui, les cheveux ont blanchi, les visages sont ridés, les muscles et les neurones ne sont plus aussi vifs mais qu’importe, les liens amoureux se sont transformés en liens conjugaux et mari et femme sont devenus deux compagnons qui vont tranquillement finir leurs parcours sur terre, main dans la main.
Je n’ose imaginer un hiver à passer avec pour seule compagne, la solitude (que George Moustaki a si bien décrite).

Fin de l’hiver. Il faut se préparer pour le grand départ : régler ses dettes financières et morales, établir les dernières volontés, déménager dans un plus petit logement ou dans une maison de retraite.
Dans « Les vieux », Jacques Brel chantait :
  … Les vieux ne bougent plus,
  Leurs gestes ont trop de rides,
  Leur monde est trop petit,
  Du lit à la fenêtre,
  Puis du lit au fauteuil,
  Et puis du lit au lit …
Quelle horreur !
  … Ils ont peur de se perdre,
  Et se perdent pourtant…
  … Celui des deux qui reste
Se retrouve en enfer
Triste, mais il est vrai que dans une maison pour vieux, entouré(e) de vieux, quelle raison peut-il y avoir quand le seul être cher qui reste est parti ?

Naissance, Vieillesse, Maladie, Mort. Nous arrivons à la fin du cycle décrit par Bouddha.

Le printemps de la vie
Et le printemps revient, mais celui d’une génération suivante. Le cycle de la vie continue.

A chaque saison, son rythme de vie
Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas, bien loin de là, et chaque saison n’arrive qu’une seule fois pour chacun d’entre nous.
Chaque saison a ses caractéristiques, ses avantages et ses inconvénients. Petit, nous avons juste à manger, dormir, jouer mais nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons. Quand nous gagnons enfin de l’argent, nous n’avons plus beaucoup de temps mais tellement plus de responsabilités. A la retraite, nous avons tout notre temps mais moins d’argent à dépenser. Décidément, la vie est mal faite.
Mais pourrions nous nager à contre-courant ? Je me rappelle le conte suivant :
Un jeune garçon est en train de se lamenter sur son sort quand un génie lui apparaît. Après avoir compris que le garçon veut grandir, le génie lui tend une bobine de fil et lui dit :
- Ceci est une bobine magique. Chaque fois que tu en dérouleras un bout, le temps passera en avance rapide d’autant. Mais fais très attention, tu peux dérouler mais en aucun cas réenrouler. Ne l’oublie surtout pas.
Fou de joie, le garçon remercie le génie et s’empresse de dégager un bout de fil. Le voilà adulte gagnant et dépensant de l’argent. Mais bientôt, il veut plus d’argent et encore un bout de fil passe. Le voilà riche mais il aspire maintenant à la gloire et c’est chose faite. Devenu un homme mûr, riche et célèbre, il veut goûter aux joies de la famille, entouré de ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants. La bobine de fil dans la main, il commence à tirer quand il aperçoit avec horreur l’autre extrémité du fil. Le vieil homme s’écroule (C’est ce que l’on appelle « trop tirer sur la ficelle »).

Me revient également à l’esprit « L’étrange histoire de Benjamin Button ». Le film met en scène un homme qui naît vieux et qui rajeunit au fil des années. Ceci relève de la pure fiction mais je me demande bien comment ce serait si c’était vrai.

A chacun, sa vie
Nous sommes tous différents les uns des autres. Nous ne pouvons vivre à la place de quelqu’un d’autre et personne ne peut vivre à notre place. A chacun, sa vie. L’herbe est peut-être plus verte dans le champ du voisin mais nous n’y pouvons rien.
Ce que nous pouvons faire, c’est vivre au présent, chaque jour, chaque saison, avec notre conscience, à l’écoute de nos besoins et de nos aspirations ; vivre de sorte à ne pas avoir regrets ou remords le jour du grand départ. Au mieux.
Nous ne pouvons être et avoir été.
  ... Quand je rêvais les yeux ouverts
  En pensant que j'avais le temps
  Je n'ai pas entrepris le tiers
  Des choses dont je parlais tant
  Et j'ai vu s'installer l'hiver
  Dans la folie de mes vingt ans.
..
                     (Charles Aznavour)
Enfin, le savoir est une chose, le faire en est une autre et nous passons notre vie à apprendre pour savoir qu’en fin de compte, nous ne savons rien.

Quoi qu’il en soit, la vie continue, avec ou sans nous, n’est-ce pas ?

Yên Hà, février 2018

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