ARTSHARE

Feb 8, 2011

Sur le chemin du retour


Qu’ai-je fait de ma jeunesse ? Quelle jeunesse ? Je ne m’en souviens plus.
Arrivé aujourd’hui en haut de la colline, je me suis retourné pour réaliser que j’ai passé la moitié d’une vie pour apprendre à vivre l’autre.

D’errances en errances, de port en aéroport, de gare en hangar, entre deux espaces, entre deux temps, je n’ai toujours été que de passage. Tout ce cortège de passages, pas toujours sages, entre deux identités, entre deux âges.
Je suis né à Hanoi, le temps d’apprendre mes premiers mots et me voilà débarqué à Saigon, le temps de passer mon Bac (tiens, encore un passage) et je m’envole pour Liège, avant de descendre à Lille, puis jusqu’à Toulouse pour finalement remonter à Paris.

J’ai longtemps cherché mon chemin, mon Graal à moi, comme un pauvre lonesome cow-boy qui n’arrêtait pas de courir après les Dalton qui n’arrêtaient pas de s’enfuir. Le passé est toujours derrière soi, même quand on se retourne.
Ma place sur terre, je l’ai cherchée, à chaque endroit, dans chaque visage-miroir, après chaque nuage, derrière chaque mirage.

Mais je cherchais à l’extérieur, la solution à un problème intérieur et je manquais de mourir de soif au bord de la rivière.
Je voulais devenir quelqu’un, et je n’ai cherché qu’à devenir … moi-même, enfin … presque.
Car ma quête est loin d’être terminée, mais je commence à apprendre, je commence à comprendre ce que je suis venu faire sur terre.
Quelle est ma raison d’être, sinon que d’être ? Cette terrible vérité, j’ai fini par l’admettre. Vaincu, je rends les armes et ma corbeille d’illusions que j’avais amassées toute ma jeunesse durant.
Vivre ou ne pas vivre ? Vivre pour moi ou avec les autres ? Quelle place accorder à l’argent et au pouvoir ? Réussir dans la vie ou réussir sa vie ? Et l’amour dans tout çà ? Et ma famille et tous ces liens de sang ? C’est quoi, grandir ?
Me poser toutes ces questions, c’est déjà commencer à y répondre …

Me voici en haut de la colline. Il ne me reste plus qu’à redescendre, le corps un peu plus lourd et le cœur un peu plus léger.
Me voici riche, riche de toutes mes joies et de toutes mes souffrances, riche de toutes mes expériences, de ces expériences que mes aînés avaient essayé de me transmettre mais que j’ai dû ré-apprendre par moi-même.

Me voici au milieu du gué, je n’ai plus qu’à finir le voyage.

Il est midi, quand viendra minuit ?                                       

 Yên Hà, le jour de mon cinquantième anniversaire

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